Les universités de recherche sont-elles exemplaires en matière de genre ? Poser la question, c’est déjà apporter la réponse : le compte n’y est pas ! Or, le monde de la recherche ne peut et ne doit pas faire exception à l'effort collectif nécessaire pour l'égalité des genres, ne serait-ce que parce qu’il est intrinsèquement tourné vers les questions d’avenir pour la société.
Trois éléments illustrent cette non-exemplarité : les femmes restent sous-représentées dans les métiers de la recherche et plus encore dans des positions hiérarchiques élevées ; rares sont les universités et les organismes de recherche qui réussissent à réaliser des changements culturels et structurels significatifs ; et enfin, la prise en compte du genre est insuffisante dans les critères et les méthodologies de la recherche.
La Ligue européenne des universités de recherche (Leru), que j’ai la chance de présider, souhaite pousser à l’intégration de la dimension du genre dans tous les secteurs de la recherche (gendered research and innovation, GRI). Nous devons fournir les outils de recherche à la société, qui puissent l’aider à changer son regard en profondeur sur cette question. Comment ?
D’abord, par un effort systématique et coordonné pour sensibiliser l'ensemble des parties prenantes du secteur de la recherche à intégrer cette dimension dans les travaux de recherche. Ensuite, en faisant le lien avec d'autres initiatives sur l'égalité des genres, à tous les niveaux : en incluant la GRI dans les politiques gouvernementales, dans les programmes de financement, dans les plans stratégiques d'égalité des genres des universités, dans les programmes de recherche et les projets des chercheurs. Enfin, en appelant les ministres du Conseil de l’Union européenne à inclure la GRI dans les conclusions du Conseil européen de décembre 2015, concernant la recherche.
C’est aussi par ces leviers que nous pourrons inciter nos communautés à s’emparer de cette question grandeur nature.
Alain Beretz
Président de l'Université de Strasbourg et président de la Leru
La Fête de la science prend ses quartiers à Strasbourg, comme partout ailleurs en France, du 7 au 11 octobre. Trois chercheurs de l’université expliquent pourquoi ils ont choisi de s’investir en faveur de cette vitrine de la richesse du savoir scientifique.
« La Fête de la science constitue chaque année un rendez-vous attendu entre la communauté scientifique et le grand public », annonce en préambule la plaquette de cette édition. Faire se rencontrer deux mondes qui se méconnaissent, souvent ; se jaugent et se jugent sur des a priori, parfois : c’est le but de la manifestation initiée par le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Mais qui se cache derrière ce terme abstrait de « communauté scientifique » ?
Basile Sauvage participe cette année pour la deuxième fois à la Fête de la science. Lui et son collègue Frédéric Larue, ingénieur de recherche, ont bâti, à partir de « quelques idées » et trois bouts de ficelle (en fait, du papier, du carton, une lampe) plusieurs conférences destinées à montrer le travail que fait l’œil pour calculer les dimensions et les formes des objets. « Ce que font naturellement l'œil et le cerveau humain et que l'on reproduit par ordinateur », explique le premier, enseignant chercheur en informatique, au sein de l’équipe d’informatique géométrique et graphique (Icube). Trompe-l’œil, retransmission de mini-expériences par webcam : le format très ludique de leur conférence, programmée samedi au Village des sciences *, a été pensé à la manière de l’émission C’est pas sorcier.
Si “Fred et Basile”, comme ils se surnomment avec humour, ont choisi d'étonner petits et grands avec une animation autour de la lumière, ce n'est pas un hasard : il s'agit en effet de la thématique directrice de cette année. « Ce thème n'est pas imposé », explique Clémence Bohn, du Jardin des sciences, chargée de coordonner la manifestation. Si la plupart des animations déclinées au Village des sciences du Palais U, au Vaisseau, à l'IBMP (Institut de biologie moléculaire des plantes, campus Esplanade) ou à l'Espace Malraux déclinent le thème de la lumière, d'autres, comme l'espace santé à la bibliothèque Malraux ou les espaces Eau et technologie au Palais U ouvrent la perspective à d'autres approches, « qui ont tout autant leur place dans ce programme », complète Clémence Bohn.
« Raconter une histoire »
La majeure partie des ateliers de la Fête de la science ont lieu le samedi et le dimanche, à destination du grand public. Toutefois, n'oublions pas qu'un important volet de la manifestation est déployé à l'intention des scolaires, dès la maternelle. Samila Siavoshian, chargée de recherche au sein du laboratoire pharmaceutique AB Science, hébergé au sein de l'Unistra, a justement choisi de s'adresser à un public de lycéens. « Les émissions scientifiques sont peu présentes dans le paysage audiovisuel, et souvent le contenu est très simplifié, tout cela par peur que l'audience n'arrive pas à comprendre. On ne peut donc pas souvent approfondir les sujets », déplore-t-elle. Loin de vouloir « lancer une croisade » en faveur de la discipline scientifique à l'école, Samila Siavoshian souhaite seulement « offrir un autre regard sur la science, montrer qu'elle peut être compréhensible par tous et, surtout, servir concrètement la société ». Son arme (inoffensive) pour porter son message ? Un exposé vivant au sujet d'une découverte « majeure mais insuffisamment médiatisée de 2013 : une nouvelle voie thérapeutique pour lutter contre le cancer ».
Sans se connaître, elle et Basile Sauvage choisissent les mêmes mots pour exprimer leur volonté de transmettre leur foi en la science : « Il faut raconter une histoire, embarquer son auditoire dans le fil de son récit ». « Au fond, on touche ici à la quintessence du métier d'enseignant-chercheur : expliquer une idée à un public qui n'a pas les outils pour comprendre les détails techniques. » Son collègue Frédéric Larue rebondit : « Alors que les scientifiques tiennent bien souvent un discours d'expert à expert, la Fête de la science nous permet de revenir à ce que nous perdons trop souvent de vue : dans une université publique, nous nous devons de rendre compte au public du travail que l'on mène. » Samedi, il guettera l'étincelle dans les yeux de son auditoire, lorsque le déclic de la compréhension se produit. « Ce tout petit moment-là, c'est magique ! »
*Au Palais universitaire, à 16 h.
Retrouvez le programme complet de la Fête de la science en ligne et en PDF.
A noter : Un rallye concours « Calendrier mathémathique » est proposé par la Fondation Presses universitaires de Strasbourg, samedi 10 octobre, de 14 h à 17 h. Une balade d’environ une heure dans la ville vous mènera jusqu’au Palais universitaire afin de résoudre l’ultime problème et de tenter de remporter le Calendrier mathématique 2016, édité par les Presses universitaires de Strasbourg (PUS). Mystère, raisonnement et découverte seront au programme : à vous de jouer ! Rendez-vous place Gutenberg, place Kléber, place Broglie et place Saint-Etienne.
Renseignements au 03 68 85 05 34
Elsa Collobert
L’Université de Strasbourg est, pour la première fois, partie prenante du contrat de ville de l’Eurométropole de Strasbourg 2015-2020 signé le 10 juillet dernier. Mathieu Schneider, vice-président Sciences en société, nous explique en quoi consiste ce projet et l’importance de ce partenariat.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le contrat de ville ?
Le contrat de ville, qui succède au contrat urbain de cohésion sociale, est le levier de la politique de la ville en France. Il repose sur trois piliers : la cohésion sociale, le développement économique et l’emploi et le cadre de vie et le renouvellement urbain. À Strasbourg, ce projet de territoire en faveur de l’égalité urbaine s’applique à 18 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) pour lesquels l’Eurométropole de Strasbourg s’est fixé dix orientations prioritaires issues de diagnostics territoriaux et déclinés ensuite en 19 programmes thématiques.
Pourquoi l’Unistra a-t-elle choisi de signer le contrat de ville ?
Sur les dix orientations prioritaires du projet, les deux premiers concernent directement l’université : mobiliser et fédérer les acteurs dans les champs de la jeunesse, de l’éducation, de l’éducation populaire, de l’accompagnement des parents et de la culture ; renforcer l’efficacité de la chaîne de l’orientation-insertion-emploi. L’Eurométropole nous a proposé ce partenariat. Nous avons tout de suite accepté de nous associer en précisant qu’il ne s’agissait pas simplement de signer, mais de nous en emparer pour mieux articuler les actions déjà existantes sur les territoires et pour en inventer de nouvelles. Nous avons alors rapidement formulé cinq axes de travail qui sont réunis dans le programme 9 du contrat de ville.
En quoi consistent ces cinq axes ?
Il y a tout d’abord la recherche. La Ville est en demande d’études sur la situation sociologique et démographique de l’Eurométropole. Or, plusieurs de nos unités de recherche travaillent déjà dans ces domaines et n’attendent qu’à pouvoir approfondir leur champ d’étude. Elles sont déjà plusieurs à avoir des idées concrètes, que ce soit dans le domaine de l’écologie populaire, de la santé, des pratiques culturelles et de bien d’autres sujets.
Nous souhaitons ensuite renforcer la présence des étudiants dans les QPV en valorisant leur engagement dans la vie associative par le diplôme universitaire d’engagement étudiant et favorisant encore plus les stages à effectuer dans ce milieu.
Le troisième axe consiste à favoriser l’accès des jeunes issus des QPV à l’enseignement supérieur et à soutenir leur réussite. Des dispositifs existent déjà comme les Cordées de la réussite. Nous aimerions les développer et notamment travailler avec le réseau Nos quartiers ont du talent.
Pour renforcer la présence des étudiants dans les QPV – 4e axe – nous souhaiterions voir se mettre en place des colocations à projet solidaire. Cette initiative a été lancée par l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev), sur un modèle qui existe déjà depuis longtemps en Belgique, celui d’une colocation étudiante installée dans un QPV reliée à un projet social.
Enfin, des actions concrètes dans le domaine de la culture scientifique et de la culture seront pilotées par le Jardin des sciences, la Maison pour la science en Alsace et le Suac.
Où en est ce projet ?
Ces cinq axes, identifiés en concertation avec différents acteurs de l’université, ont été proposés et adoptés par la Ville et par le conseil d’administration. Nous devons maintenant faire des propositions concrètes d’actions à mener. Nous allons donc lancer un appel à projets à tous les services et composantes de l’université ; un comité de suivi va mettre en cohérence les actions à faire remonter à la Ville qui sélectionnera celles qui seront mises en œuvre à partir de 2016.
Quelles sont les attentes de l’université vis-à-vis du contrat de ville ?
L’inscription de l’Unistra dans la pluralité des territoires qui l’entourent n’a jusqu’à présent pas été assez pensé de manière globale : beaucoup d’actions sont menées dans le quartier Centre, beaucoup moins en banlieues, et ce sont souvent des initiatives ponctuelles d’un service ou d’une composante. Ce partenariat peut permettre de rétablir cet équilibre avec ces publics qui viennent des QPV et donne à l’université l’opportunité de mener une politique sociale active. En outre, il y a aussi des financements derrière ce contrat de ville, ce qui n’est, dans le contexte actuel, pas négligeable. Ces financements peuvent aller tant à de nouvelles actions qu’à des choses qui sont déjà en place. Car le contrat de ville, c’est aussi un moyen de valoriser et de structurer ce qui est mis en œuvre actuellement.
Propos recueillis par Floriane Andrey
Les 19 et 20 octobre prochains, l'Université de Strasbourg affiche ses nombreux partenariats à travers le monde lors des Journées de la mobilité internationale. Le rendez-vous annuel incontournable de tous les étudiants qui souhaitent internationaliser leur cursus.
L’Unistra encourage l’expérience internationale et propose des programmes d’échanges avec près de 700 établissements à travers le monde. Pour découvrir et mieux comprendre quand et comment bénéficier de ces partenariats, la Direction des relations internationales propose des réunions thématiques tout au long de la journée du lundi 19 octobre (Bâtiment l’Escarpe - 11 rue du Maréchal-Juin à Strasbourg). Ces moments d’échanges permettront d’aider les étudiants à y voir plus clair sur les possibilités de départ dans leur parcours d'études, les formalités administratives ou encore les différents dispositifs de bourses.
Au programme :
De 15 h à 17 h, de nombreux étudiants déjà partis en mobilité internationale seront également présents pour partager leur expérience.
Mardi 20 octobre, ce sont les campus de l'Université de Strasbourg qui s'animeront de stands d'information, de réunions thématiques, de rencontres avec des étudiants qui ont déjà tenté l'expérience... Une vingtaine de facultés, écoles et instituts présenteront leurs partenariats et les destinations possibles dans le cadre de leurs cursus. Pour les étudiants, l’occasion unique d’élargir ses horizons et d’enrichir son CV, le tout en vivant une expérience culturelle inoubliable !
Découvrez le programme complet de l'événement sur le site internet et en PDF.
Le service d’accueil de la Maison universitaire internationale ouvrira ses portes le 2 novembre 2015. Au rez-de-chaussée de l’ancienne Tour Seegmuller, sur la Presqu’île Malraux, plus de 500 m2 seront consacrés à l’accueil de tous les publics internationaux (étudiants, enseignants, chercheurs, doctorants étrangers) et des membres de la communauté universitaire désireux d’internationaliser leur parcours.
Les visiteurs étrangers y trouveront un accompagnement personnalisé dans leurs démarches administratives (titres de séjour, Sécurité sociale, aides au logement, impôts…). Dans la continuité de l’Espace accueil international, qui fermera ses portes à la fin du mois, il constituera également le lieu d’information des étudiants et personnels qui souhaitent partir à l’étranger dans le cadre des partenariats de l’établissement.
Pour accueillir au mieux ces publics, la Maison universitaire internationale rassemblera une partie des personnels de la Direction des relations internationales, du Service de la vie universitaire et de la Direction de la recherche (bureau Euraxess). Les personnels de ces trois services, qui doivent déménager à la Maison universitaire internationale à la fin du mois d’octobre, animeront ensemble ce nouveau lieu. Et les projets ne manquent pas : cours de français langue étrangère, évènements festifs, expositions, permanences d’administration utiles à l’installation…
Plus d’informations sur la Maison universitaire internationale en PDF
Cinq projections sur la notion de laïcité sont programmées chaque premier jeudi du mois, de novembre 2015 à mars 2016, au cinéma l’Odyssée, à l’initiative de l’UMR Droit, religion, entreprise et société (Dres). L’objectif des Toiles de la laïcité : débattre de la notion juridique de laïcité à partir du 7e art.
Comment la société civile peut-elle entrer dans l’univers juridique sans en connaître, pour la plupart de ses membres, le langage et les modes de raisonnement ? En d’autres termes, comment les chercheurs dans ce domaine peuvent-ils se faire entendre et partager leur savoir avec le plus grand nombre, attirer la société civile sur un terrain considéré à tort comme étant seulement affaire de juristes ?
A travers le projet Les toiles de la laïcité, l’équipe Droit et religions de l’unité Dres (UMR 7354, CNRS/Université de Strasbourg) propose par un biais original et ludique, mariant sciences juridiques et culture, de débattre de la notion juridique de laïcité à partir d’un cycle de films documentaires.
Plus d’informations, programmation et infos pratiques en ligne
La manifestation bénéficie du soutiens des IdEx.
Envoyez votre info à medias@unistra.fr avant le mardi 3 novembre midi pour une parution le vendredi 6 novembre 2015. Consultez les dates des prochains numéros.